Bike Store : 33 années d'histoire d'amour avec sa "petite reine"

Le patron et fondateur vous raconte l'histoire (avec un petit h) du Bike Store, d'un magasin de vélos qui ne s'attendait pas le moins du monde à être toujours là dans les années 2024 et plus !

1992, Pascal, 29 ans, fan de windsurf et de sports de glisse en général. Après quelques années de petits boulots (moniteurs de planche à voile), de nombreux surf-trip (Canaries, Hawaï…), j’avais fini par trouver un boulot un peu plus stable: je distribuais et présentais les fameuses tournées en Suisse des films de la "Nuit de la Glisse".

Mais on cherchait, avec mon associé de l'époque, une idée pour travailler toute l'année de manière un peu plus rentable... Ma famille grandissait, deux garçons, je pouvais difficilement continuer ma vie de surfeur insouciant… Le VTT commençait à avoir un joli succès, et quand il n'y avait ni vent ni neige, on partait sur les routes et sentiers de plus en plus souvent.

Visite à une exposition professionnelle (à Cologne), rencontre avec une marque de VTT inconnue (Trekking Fox), ni une ni deux on se lance avec l'achat d'un premier container, et trois mois plus tard on ouvre une minuscule arcade toutes les fins d'après-midi dans la vielle-ville, quelques mètres carrés à peine. Les prix sont bas, la qualité est bonne, le succès est immense : les clients font la queue devant l'arcade (bon on est ouvert que quelques heures par jour !).

On apprend "sur le tas", on engage un très bon mécanicien, l'affaire est lancée...

Notre clientèle grandit vite. On compense notre inexpérience avec du bon sens, et des prix très attractifs.

On déménage rapidement dans une autre arcade de la vieille-ville, (photo ci-dessus) à deux pas du Bourg-de-Four. Plus grand, plus sympa : le succès s'amplifie... À la grande surprise de tout le monde (nous et nos concurrents) on vend même la meilleure année plus de 2'000 vélos (plus gros vendeur de Suisse romande !).

On fait des petits (des employés ouvrent à leur tour des magasins, à ce jour une dizaine directement ou indirectement). C'est normal, c'est la loi du genre...

10 ans passent, vite très vite !

On re-déménage à quelques mètres, dans une arcade qui s'avérera trop cher et pas très pratique... Le marché se tend un peu, le vélo part dans toutes les directions, le VTT seul ne suffit plus, mais de plus en plus de cyclistes enfourchent leurs bécanes pour aller travailler, et c'est nouveau à Genève dans cette ville qui se cherche un peu (beaucoup) en matière de politique de la mobilité.

Par contre au début des années 2000, on découvre l'arrivée d'un engin un peu bizarre, assez moche, que l'on pense être pour les "flemmards" : le premier vélo à assistance électrique...

Les loyers grimpent en vieille-ville : on re-re-déménage dans une arcade hors vieille-ville (2009), d'où le changement de nom avec le "New" du New Bike Store. Changement d'associés deux fois de suite, c'est un peu plus compliqué, on redémarre dans cette nouvelle arcade avec d'autres envies : devenir spécialiste du vélo électrique...

Car oui j'adopte personnellement cet engin très rapidement, pour mes propres besoins de mobilité.

Je constate que c'est un moyen révolutionnaire de régler tous mes problèmes d'un coup : du temps (15 minutes pour venir de Sézenove (Bernex), au lieu de trente minutes minimum en voiture, ou une heure en bus !), de l'argent (une voiture de moins dans ma famille, pas d'amendes de stationnement, etc...). Et énorme surprise, ma santé s'en porte mieux : jamais malade, mon endurance générale qui augmente, mon poids totalement stabilisé. Et pour ne rien gâcher les sensations sont géniales !

À cette époque les marchands qui misent sur le vélo à assistance électrique se comptent sur les doigts d'une main à Genève, on est tous des pionniers...

Ni cours, ni aides des fabricants : on doit se débrouiller pour apprendre à acheter les bons produits, à les vendre, et à les réparer...

Cette expérience de pionniers nous aide encore tous les jours pour comprendre, et solutionner des dizaines de problèmes par jour, en aidant même nos fournisseurs à comprendre leurs propres produits !

Et maintenant ?

Notre magasin est devenu un spécialiste reconnu à Genève du vélo électrique. On a engagé du personnel qualifié, avec notamment de très bons mécaniciens. Et un fiston qui m'aide aux manettes (et me recadre parfois !).

Bien sûr notre métier a complètement  changé : il s'est complexifié de manière exponentielle. Un vélo électrique est un engin bourré de technologies ultra-novatrices, qui nécessite une connaissance et une expérience énorme... Le fait d'avoir vendu des milliers d'E-Bikes nous permet maintenant de pouvoir sélectionner les meilleurs produits, ceux que l'on peut entretenir et réparer sur le long terme. On a tout expérimenté, pour le meilleur comme pour le pire, subi des faillites de fabricants, des abandons de technologies, des arrêts de pièces détachées. Mais aussi apprécié certaines marques et fournisseurs ultra-professionnels, efficaces, et avec une éthique de travail exemplaire.

On a résisté au fait de rentrer dans de grandes chaines de magasin, pour ne pas perdre la main sur le choix de nos produits, sur notre manière de travailler, ou de proposer des services au-dessus des normes en vigueur (4 ans de garantie sur les batteries par exemple au lieu de 2). Pour garder un peu de liberté aussi (et oui on ouvre à 10h00, et on ferme les lundis !). Le plaisir avant tout, de nous et de nos clients, on préfère stabiliser notre affaire plutôt que de grossir toujours plus (on connaît l'histoire de la grenouille...).

C'est pourquoi vous ne trouverez à notre Bike Store que des vélos équipés de moteurs qui ont un vrai service après-vente, avec des noms connus et reconnus par leur professionnalisme comme Bosch, Shimano, pour ne citer que les deux meilleurs. On refuse les nouveautés pas encore bien implantées, les produits incertains, et les trop bonnes affaires (qui cachent souvent des problèmes comme par exemple des batteries fabriquées il y a trop longtemps; méfiez-vous des fins de série de plus d'une année !)...

30 ans d'expérience : oui je suis plus vieux qu'à l'époque, car (quelle curieuse coïncidence !) j'ai pris exactement le même nombre d'année de plus : du gamin d'à peine trente ans, me voici à 60 balais, et même déjà grand-père deux fois !

2020

La suite s'annonce excitante. Notre équipe s'est agrandie : un nouveau mécanicien (nos concurrents disent que c'est le meilleur de Genève et c'est sans doute vrai !), un nouvel apprenti vendeur est là depuis septembre, notre équipe se compose maintenant donc de trois mécanos et trois vendeurs (le double d'il y a quelques années), et le recrutement n'est sans doute pas encore terminé. On garde les pieds sur terre, on essaye de ne pas être trop débordés (mais c'est compliqué en haute saison de nous joindre au téléphone...) Être attentif face au développement incroyable du marché du vélo électrique est un défi de tous les jours, car il faut s'adapter aux nouveautés certes, mais sans se lancer sur des produits mal implantés, trop récents et insuffisamment testés. Un équilibre qui nous demande du bon sens, de l'expérience et du flair...

Merci à nos clients de nous avoir permis de tenir depuis 30 ans, malgré l'ouverture de plus de trente magasins de vélos à Genève, dont des entreprises énormes avec des moyens financiers gigantesques.

Mais tant mieux : plus il y a de vélos vendus à Genève, mieux on y respirera ! (Et plus on aura de vélos à entretenir et réparer...).

Notre équipe (Loïc, Joël, Bernard, Marcelo, Tim, et moi-même Pascal) se réjouit de vous accueillir pour vous conseiller, vous aider, ou vous aiguiller au mieux dans la jungle complexe mais excitante et révolutionnaire du vélo électrique...

Ce texte datait de 2019, voici la suite… mouvementée !

Mars 2020 : arrivée du covid-19 à Genève : l’histoire mouvementée du New Bike Store rentre dans l’Histoire (avec un grand H").

Les détails du covid et de son impact sur notre magasin sont sur mon blog: (voir blog)

2020

L’Histoire du New Bike Store se poursuit donc, et l’année 2020 restera dans les mémoires !

Mais on a eu peur en mars 2020, avec cette fermeture du magasin et ce virus qui aura bousculé les certitudes pour tout le monde : et oui rien ne peut être programmé dans un commerce, une entreprise, une vie… car il suffit d’un événement pour devoir se remettre en question.

Mais dès le mois de mai, avec le déconfinement, tout le monde a voulu faire du vélo. Dans le monde entier, en Suisse et à … Genève ! Résultat : une année 2020 qui bat tous les records avec pour nous une augmentation de…40% en une seule année, malgré deux mois de fermeture. Incroyable.

Du coup, l’équipe s’agrandit, et on est maintenant 4 vendeurs et 4 mécaniciens ! Bien entendu on doit s’adapter à d’autres problèmes comme la pénurie mondiale de vélos et de pièces détachées. Deux ans pour commander certaines marques…

S’adapter est la clé. Toujours. Tant mieux c’est hyper stimulant.

Début 2021

Encore un record. Car la Ville de Genève a la bonne idée de booster les commerces locaux avec des subventions jusqu’à fin février. Un succès considérable. 24 millions dans l’économie locale. Et un quart qui vont vers les commerces de cycles (soit 6 millions pour ceux qui sont fâchés avec les chiffres). On a un peu honte à l’avouer, mais une bonne partie de ce chiffre est arrivé chez nous (on était les premiers à s’inscrire…).

Pourquoi honte ? Parce que j’ai des copains restaurateurs ou petits commerçants qui eux galèrent depuis une année. Qui dépriment parfois. Et ne sont pas assez aidés.

Et nous on surfe… Sur le Covid-19 qui s’avère un accélérateur de tendances. Et comme le vélo avait déjà le vent en poupe, l’industrie du cycle est en surchauffe.

Du coup, on trouve un arrangement avec l’arcade du voisin, et on ouvre un grand atelier de 100m2. Pour mieux s’occuper de tous ces magnifiques bikes vendus en si peu de temps !

L’année 2021 est déjà réussie (on n’est pourtant qu’en début de saison). La suite s’annonce pourtant un peu plus délicate avec probablement très très peu de vélos en expo dès cet été… J’en cherche partout, mais partout il n’y en a point. Rien. “Stock épuisé” : ce sont les 2 mots que je vois s’inscrire sur tous mes sites de commandes auprès de mes fournisseurs, qui sont même au chômage forcé, car plus de vélos à vendre pour une année et demie. C’est un comble.

Heureusement nos pré-commandes permettront de proposer du vélo toute l’année, mais nos clients devront faire preuve de patience et de souplesse…!

2022

Nous somme au printemps 2022. Nouvelle crise : guerre en Ukraine. Et oui chaque crise a un impact dans notre monde interconnecté. Même dans un commerce de cycles !

Comme de plus le covid implique encore de nombreuses fermetures d’usines et de port en Asie, cette guerre horrible et injuste rajoute une couche aux délais d’approvisionnement de manière exponentielle.

Au moment où j’écris ces mots (25 avril 2022), je suis en train de commander des vélos qui arriveront mi 2023, voir début 2024 ! Sans connaître ceux qui seront annulés faute de composants, et sans savoir les prix de vente avec précision. Mais si je ne commande rien, je peux fermer la boutique dans une année.

On est passé en deux ans d’un type de commerce qui fait tourner le stock (rotation du stock, c’est à dire que chaque francs investi pouvait être réinvesti plusieurs fois par année), à une obligation de prendre des risques en sur-stockant des centaines de vélos, sinon on n’a rien en magasin.

Autrement dit, les stocks de vélos qui étaient habituellement dans les entrepôts des fabricants ou des distributeurs, sont maintenant exclusivement dans les commerces.

Nous avons 350 vélos électriques en stock, alors que nous pouvions nous contenter d’une cinquantaine à l’époque. Et calculez quelle somme représente 350 vélos à 3’000.- de prix d'achat de moyenne : Ouch cela fait beaucoup !

Quand on commandait un vélo, il arrivait que le lendemain nous l’avions au magasin. Maintenant nous devons compter en mois ou plutôt en année.

Heureusement, les moyens financiers des commerces de cycles ont augmenté avec le boom du vélo (du moins pour ceux qui ont mis leurs sous dans les stocks et pas dans leur salaire !). On tient le choc, mais une fois de plus il faut s’adapter.

J’espère que les moyens financiers ne seront pas un frein (à disque), et n’avantageront pas trop les plus gros au détriment des indépendants.

On nous parle d’un retour à la normale pour… 2026-2027 !

Mais à une seule condition : qu’il n’y aie pas d’autres crises. Hors une grosse crise s’annonce, encore pire que les autres, la crise climatique. Et l’une des réponses à cette crise est de changer ses habitudes de mobilité. Je le disais plus haut : chaque crise renforce le vélo, mais complique sa commercialisation…

Longue vie au vélo !

Pour le reste : on s’adaptera… (vivement la retraite, mon fils prendra-t-il le relais ??)

Pascal

On était jeune, si jeune…

On était jeune, si jeune…

Le boss au milieu, qui a changé (à droite sur la photo du haut)

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Ma femme and me…

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Pascal sur son vélo électrique en mode “attention j’arrive !”

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Le windsurf : passion d’ado, et encore passion de “jeune” grand-père…!

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Il n’y a pas que le windsurf dans la vie, il y a aussi le vélo !

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Tout prêt de chez moi : dans la belle campagne du Signal de Bernex

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Un nouvel atelier depuis le mois de mars 2021 !! Immense : plus de 100 m2 !

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